mardi 27 octobre 2009

Un mélèze et un frêne noir vestiges des anciens milieux humides du Mt-Royal ?




Ce mélèze , larix laricina , du cimetière Mt-Royal est probablement le plus gros de Montréal. S'agit-il d'un vestige de la forêt originelle ou a-t-il été planté après 1874 date à laquelle une mouche-à-scie décima presque entièrement cette espèce ?

Le mélèze ne supporte guère l'ombre voilà pourquoi il affectionne les tourbières et les milieux humides . Cet arbre descend peut-être d'un mélèze qui a grandi dans un de ces milieux humides de la montagne il y a des centaines d'années.

Il est complètement à part sur le Mt-Royal. Nul autre mélèze de cette dimension ! Est-il un survivant de ce fléau dont on a parlé plus haut ?

Tout compte fait il s'agit possiblement d'un arbre , d'un artéfact vivant , relié à la vie des cours d'eau aujourd'hui disparus de la montagne .



De même en ce qui concerne ce frêne noir, autre essence qui croît dans les milieux humides. Ce spécimen atteint une très grande dimension que nous n'avons guère l'habitude de voir . Serait-il lui aussi descendant d'un spécimen dont la vie aurait été immergé dans un des marécages originels du Mt-Royal ?

Voilà autant de questions qui amènera le randonneur à regarder cet environnement sous un jour nouveau. Ces deux présences remarquables du cimetière Mt-Royal , le mélèze et le frêne noir , témoignent peut-être d'une histoire ininterrompue qui se perd dans la nuit des temps !

Trois feuillages remarquables , frais du jour .


Petit chêne rouge.



Feuille de peuplier à grandes dents.


Feuille de vinaigrier.

lundi 26 octobre 2009

Le très remarquable chêne blanc de Ville Mont-Royal .

Ce chêne blanc ( quercus alba ) du 398 Glengarry à Ville Mont-Royal est un artéfact de plus de 200 ans du passé de ce territoire relevant autrefois du village de St-Laurent. En 2007 il fut désigné comme le plus bel arbre sur un terrain privé à Ville Mont-Royal.

Le chêne blanc , quercus alba, est le plus rare et le plus précieux de nos chênes indigènes. Tandis que le chêne rouge domine sur le Mont-Royal et que le chêne à gros fruits se laisse voir dans toute sa splendeur à quelques endroits dont le chemin Senneville, le chêne blanc , lui , semble absent , on dirait qu'il s'est retiré du territoire . Pour ce qui est du chêne bicolore , on le retrouve sporadiquement sur Montréal.

À une certaine époque, quantité de chênes blancs et de chênes à gros fruits de la vallée du Richelieu furent expédiés vers les pays tropicaux . Ces derniers furent très prisés pour la construction navale. Il ne reste plus que quelques peuplements de chêne blanc au Québec. Les plus beaux , ceux du Parc de la Gatineau en Outaouais , sont protégés .



L'écorce du chêne blanc fut utilisé pour le tannage des peaux. De plus , les amérindiens s'en servaient en médecine traditionnelle pour traiter les hémorroïdes , les coupures mineures , la congestion des sinus et bien d'autres maux.


Tout près de notre magnifique arbre , une maison bi-centenaire , la plus vieille de ville Mont-Royal. Située au croisement de la rue Glengarry et du Boul. Graham elle témoigne discrètement de l'époque agraire . Le ruisseau de Côte-des-Neiges devait couler tout près selon l'axe reliant le village de Côte-des-Neiges à celui de St-Laurent .

Il reste à savoir si le chêne blanc en question est un vestige d'un boisé lui même vestige de la forêt originelle où bien s'il fut simplement planté sur une terre agricole , possiblement sur la terre appartenant aux propriétaires d'alors de cette maison historique.

Comme ce chêne a un port dont les branches ont poussés aux quatre vents nous supposons qu'il fut planté car s'il provenait d'un boisé son tronc serait plus haut et droit. De plus , les glands de cet arbre sont comestibles ...

Nous n'avons encore pas vu pareil quercus alba sur Montréal et dans ses environs. L'amateur d'arbre qui voit ce spécimen pour la première fois s'extasiera . Il vivra une expérience d'une grande richesse . Ce sera un petit secret , une petite perle logée au fond de son être qu'il saura partagé sobrement à ses amis(es).

lundi 19 octobre 2009

L'érable à sucre qui danse le tango.

( feuille d'érable à sucre sur tapis de feuilles de Gingko. )

( Cette photo a été prise aujourd'hui tandis que celles plus bas le furent il y a près de 2 semaines )

( on peut admirer ce spécimen d'érable à sucre du cimetière Mt-Royal en entrant par l'entrée du chemin Remembrance. Il se trouve à gauche à quelques pas de l'entrée .)




Cet après-midi en allant nous balader sur le Mont-Royal nous avons rencontré Suzanne B. Il faisait si beau . On a marché , parlé et pris le temps d'observer la beauté environnante.

Suzanne m'a dit qu'elle dansait le tango pour son plus grand bonheur.


Elle aime les mouvements que sollicite cette danse. Son regard sur la nature est empreint de cette vision mouvante du vivant.

Arrivée devant cet érable à sucre du cimetière Mt-Royal elle a tout de suite reconnu le pas de danse de ce vivant au port d'une envergure rare.

Il danse le tango ; a-t-elle dit !


Elle aurait peut-être aimé se joindre à lui et enjamber le pas ?
Ou sa joie de voir ce prodige fut son pas tout intériorisé ?

L'érable à sucre , flamboyant d'automne des forêts de l'Amérique du Nord-Est, Watha des iroquois , Michtan des algonquins , dansant depuis des millénaires tels des derviches immobiles offrant sa sève sucrée qui enchante nos palais et qui nous inspire le goût de chanter et bien sûr de danser.

Chose certaine , cet érable quasi-centenaire remarquable par l'expansion de son port ainsi que par la qualité de sa présence d'accueil nous aura incité à ralentir nos pas afin de se mouvoir un peu plus à son rythme et ainsi s'ouvrir les yeux à la fête des couleurs !

Bonne danse Suzanne !



samedi 17 octobre 2009

Le plus gros robinier faux-acacia du Québec.

Le robinier faux-acacia ( robinia pseudoacacia) est intimement relié à ce qu'on appelait autrefois la petite colline ou petite montagne qu'on nomme aujourd'hui Westmount.

En effet, c'est là et autour de cette colline que l'on retrouve les plus gros spécimens . Le parc King George détient sûrement le record du nombre de vieux robiniers. Il y est partout présent . Le promeneur qui s'y arrête sera fort dépaysé.

Vers la mi-juin c'est la fête , il est en fleurs !
Celles-ci dégagent une odeur exceptionnelle. Il s'agit d'un des parfums les plus exquis que la nature a mis des millions d'années à développer . Prendre le temps de respirer ce baume incomparable élève l'être et constitue une expérience mystérieuse .


Plus bas, au sud de cette colline au 2080 du boul. René Lévesque on retrouve un magnifique spécimen . Son tronc mesure plus de 90 cm ce qui en fait le plus gros de la province *.

On l'a importé de son aire de distribution naturelle. Il provient du centre-sud des États-Unis et est maintenant naturalisé chez nous . De plus , il colonise les terrains vagues .

On le retrouve en abondance derrière l'Université de Montréal à cet endroit où , il y a quelques années, on avait transporté plusieurs voyages de gravier suite à la construction de nouveaux pavillons.

Voilà un arbre qui a tout intérêt à se laisser découvrir. Il enrichit la vie de nos quartiers. Il nous offre un baume hors du commun et colonise les lieux incultes.

* LES ARBRES DE MONTRÉAL . M. Gaudet. Éd. Fides, 1997.

jeudi 8 octobre 2009

L'Orme Rouge ou l'Indian Elm de la rue Cedar Crescent.

Sur le flanc ouest de Westmount y a une rue qui s'appelle Cedar Crescent et qui est bien calme.
Sur cette rue, au pied d'un escalier public, on peut entendre un ruissellement à partir d'une bouche d'égoût. Il s'agit sûrement de la canalisation d'un ancien ruisseau qui serpentait ce quartier et qui devenait la célèbre rivière St-Pierre.

À l'époque juste en flanc de la montagne on devait y voir un marécage avec des frênes , des thuyas et des ormes , toutes sortes d'ormes et plus particulièrement des ormes rouges. C'est possiblement un descendant d'un de ces ormes que l'on peut admirer sur cette rue au niveau de Michel Bibaud.

Il s'agit du plus gros spécimen d'Ulmus Rubra ( orme rouge ) que nous ayons eu la chance de voir à ce jour. Sa silhouette rappelle celle de son cousin l'orme d'Amérique mais en diffère quelque peu. C'est surtout son écorce grise-brune crevassée et ses feuilles très rugueuses qui le caractérise.

Son nom commun anglais est slippery elm ou orme glissant . Il serait plus juste de traduire par orme à écorce glissante car de la mi-juin au début du mois de juillet cette dernière est facile à peler. Avec cette écorce interne qui contient de la coumarine , une substance aromatique , on en fait une poudre qui est commercialisé et qui constitue une nourriture de survie que les amérindiens ont appris aux colons .
On dit même que les troupes de George Washington ont survécu grâce à cette dernière pendant une douzaine de jours lors de la révolution américaine.


Lorsque je suis allé tiré quelques clichés de ce magnifique spécimen mardi dernier j'ai eu la chance d'y rencontrer Michel Therrien , jardinier, qui travaillait sur le terrain de la propriété en question. Il m'a dit avoir mesuré la circonférence de cet arbre remarquable qui fait 14 pieds ou 4,27 m.

Il est un peu plus petit que Elmo , le plus gros orme rouge de la Nouvelle-Angleterre qui a une circonférence de 4,77 m . Le champion de l'état du Nebraska a 17 pieds de circonférence.

Parmi ses autres noms anglais il y a indian elm qui nous informe sur l'importance de cet arbre pour les amérindiens qui en tiraient une corde à partir de la fibre de l'écorce interne et avec laquelle ils traitaient bien des maux .

mardi 6 octobre 2009

L'Orme d'Amérique dédié à Hubert Reeves.


Le jardin Botanique de Montréal est garni d'arbres et de fleurs venus des quatre coins du monde. Il y a là un perpétuel festival de beauté.

Mais il ne faut pas oublier ces quelques arbres qui y étaient avant même la création du jardin au début des années 30.

C'est le cas de cet Orme d'Amérique que l'on peut admirer de l'allée principale tout près de l'entrée est .

Ce rare spécimen est plus que centenaire et une plaque indique qu'il est dédié à Hubert Reeves, un ami remarquable du jardin botanique.

Il est comme un gardien et un témoin des lieux. Le frère Marie-Victorin l'a sûrement connu . Il fait parti de cette poignée d'ormes du jardin qui ont survécu à la célèbre maladie hollandaise de l'orme . Il est encore parmi nous ...pour combien de temps ? Nul ne le sait ...

Il vaut la peine de s'y attarder , de s'arrêter à son pied et de prendre le temps d'humer sa présence . Il offrira un ressourcement gratuit avec en prime une joie sobre et durable.

vendredi 2 octobre 2009

Le gros saule noir du Mt-Royal.


Le jour est clair et sans vent . La nuit était fraîche mais son lendemain s'est adouci , on s'achemine vers les vents d'automne .

Nous avons été attiré vers la montagne. Nous avions besoin de nous rapprocher de ce coeur battant de Montréal. Le jeu des couleurs est commencé , certains arbres sont encore timides mais quelques érables à sucre sont vifs en orange et jaune . Le rouge est rare.


Au détour d'un sentier , un grand silence nous allège. Nos yeux s'ouvrent et aperçoivent quantités d'oiseaux dont une colonie de bruants. Grive , troglodyte , paruline bleu , roitelets , pics flamboyants et bien d'autres nous plongent dans un incessant état d'émerveillement .

Les arbres nous fascinent comme d'habitude. Nous prenons soin de bien les embrasser de notre regard . Arrivé derrière le grand Chalet nous sommes accueilli par ce gros saule noir que nous redécouvrons à chaque fois. L'hiver il nous impressionne par son allure imperturbable qui se laisse voir de loin.


Salix Nigra est son nom latin. En plus d'être indigène, celui-ci a cette particularité d'être dans son habitat naturel et d'être le plus gros de la montagne.

On retrouve des saules noirs dans quelques parcs de la ville de Montréal dont le parc MacDonald à Notre-Dame-de-Grâce où de gros spécimens attirent l'attention.

De croissance rapide le saule noir atteint de forte dimension en quelques décennies. Son écorce crevassée le caractérise. Le long du Mississipi aux États-Unis il atteint des proportions encore plus grande . C'est le plus gros des saules indigènes d'Amérique du Nord .

Après notre rencontre avec cet arbre au nom d'origine celtique le jour semble encore plus clair. Le bleu du ciel contraste encore davantage avec les couleurs vives des jeunes érables à sucre.

Nous poursuivons notre marche avec quiétude , nourri de cette relation avec le vivant qui ne fait toujours que commencer !